Selon Unicab
Le bien-être animal est la tarte à la crème des débats sociétaux du moment.
Après la faillite de tous les grands courants idéologiques du 20ᵉ siècle, sacrifiés sur l’autel du réalisme, du consumérisme et de la mondialisation, le personnel politique est en mal de causes à défendre et les idéologies animalistes et antispécistes s’engouffrent dans la brèche en détournant et en revendiquant le légitime intérêt de nos concitoyens pour le respect des animaux.
Le bien-être animal est une notion vétérinaire définie par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale. Sa mise en œuvre en milieu contrôlé suppose le respect des impératifs physiologiques et comportementaux des espèces concernées. Mais ce n’est pas vraiment sur ce terrain-là que les animalistes assoient leur approche du monde animal. Et pour cause : ils s’en tiennent à une distance proportionnelle à leur inculture et à leur volonté de ne pas interférer avec les animaux.
Le débat ne se centre pas non plus sur les problématiques de conservation. L’apport de l’élevage en milieu contrôlé en tant que technique faisant échec à la disparition des espèces n’est plus à démontrer. Et les programmes de préservation et/ou de réintroduction impliquant parcs zoologiques et éleveurs privés sont nombreux. Mais ça ne retient pas leur attention.
Pour ce qui est du trafic et ne citer que quelques chiffres : dans les premières années d’existence de la Cites (1975-1989), 96% des animaux non-domestiques objets de commerce international étaient issus de captures dans le milieu naturel. Aujourd’hui, 50 ans plus tard, la majorité des spécimens d’espèces non-domestiques objets de commerce international sont issus de reproduction en milieu contrôlé. (Source : communiqué de presse de la CITES, Genéve, 15 juin 2023)
Tous les arguments en faveur de nos activités sont balayés d’un revers de main par les animalistes qui prônent « la disparition des espèces dans la dignité ». C’est-à-dire que l’accueil en milieu contrôlé d’animaux d’espèces non-domestiques, quelles que soient les conditions d’élevage ou les résultats obtenus en termes de conservation, est considéré en lui-même comme un acte de maltraitance par la privation de liberté qu’il suppose. La privation de liberté étant perçue comme un obstacle au bonheur animal, et non au bien être au sens vétérinaire du terme.
Les animalistes s’affranchissent donc de toute considération pratique, en plaçant le débat sur le terrain philosophique. Et de la philosophie à l’idéologie il n’y a qu’un pas.
De tous temps les philosophes se sont plus ou moins cassé les dents sur la définition du bonheur chez l’être humain. Du moins sur l’analyse des paramètres qui nous permettraient d’y accéder. Rappelons aussi que les véritables philosophes doutent de la pertinence de leur propre raisonnement, contrairement aux animalistes et antispécistes qui ne doutent jamais, estimant que leurs oukases de bien-pensance se suffisent à eux-mêmes, sans avoir besoin de démonstration scientifique ou intellectuelle.
Pour l’homme, tout au plus pouvons-nous identifier des circonstances qui conduisent à éprouver des petits moments de bonheur, d’autant plus fugaces que leurs atteintes suppriment le désir et conduisent à l’ennui qui lui-même est un obstacle au bonheur (Spinoza). L’avantage des animaux est qu’ils ne parlent pas (pour qui ne les fréquente pas…) et qu’on peut leur faire dire ce que l’on veut, au prix de l’anthropomorphisme le plus éhonté. Là où le naturaliste observe, émet des hypothèses, se cultive pour les questionner, voyage pour étudier, apprend de ses erreurs et partage ses succès ; l’animaliste se contente d’affirmer. C’est tellement plus confortable !
La clientèle animale est d’autant plus docile à représenter, qu’elle ne prendra jamais la parole et qu’on peut détourner à l’envi le propos, et manipuler aisément le personnel politique en agitant deux ou trois bons sentiments dont ils perçoivent tout de suite le bénéfice qu’ils peuvent en tirer en termes de retombées électorales. Ils endossent d’autant plus facilement cette posture que toute culture naturaliste leur fait cruellement défaut, et que, lorsque qu’ils en ont quelques notions, la discipline de parti l’emporte sur le cheminement personnel.
Et voici donc le monde de l’élevage en proie au totalitarisme. On dénonce, on conspue, on désigne à la vindicte parlementaire les tortionnaires que nous sommes, et on nous voue, à force d’interdictions successives, à la honte et à la prohibition. Et on nous assène la « sentience », c’est-à-dire la capacité des animaux à ressentir des sentiments, comme si on avait découvert l’eau tiède, alors que nous sommes les mieux placés, pour les côtoyer tous les jours, pour constater qu’ils sont capables de sentiments, de perceptions assez comparables à ceux de l’homme en nature, mais sur un mode très différent dans leur expression. Ceci a été acté dès l’antiquité et ne fait plus débat pour personne.
Sur le fond, la position animaliste est tout à fait paradoxale. Ils considèrent l’animal élevé en milieu protégé comme systématiquement malheureux au motif que son territoire est plus limité que dans la nature. Pourtant ses déplacements in naturae sont liés presque exclusivement à la satisfaction de besoins naturels (respirer, se nourrir, s’abreuver, échapper à la prédation, marquer son territoire, éviter les rigueurs climatiques, assurer sa domination et/ou sa reproduction) Finalement autant de préoccupations qui caractérisent l’aventure humaine. Le confort (sanitaire, alimentaire, climatique, sécuritaire) a toujours été le moteur des sociétés humaines. Et le confort est un des paramètres qui conditionne l’accès au bonheur ou à une certaine forme de bonheur, qui mérite en tout cas que certains soient prêts à risquer d’y sacrifier leur vie, si l’on considère la triste actualité.
Nos détracteurs manipulent la réalité en faisant un amalgame malsain entre la captivité humaine et le maintien en milieu protégé des spécimens d’espèce non-domestiques. La captivité humaine, parfois intellectuellement acceptable (détention carcérale suite à un jugement), parfois inacceptable (camp de concentration), n’a jamais eu pour but d’acclimater et de reproduire des spécimens, de leur apporter un maximum de bien-être rationnel, de protéger l’ensemble de son espèce, de les réintroduire dans le milieu naturel, en maintenant des spécimens les plus identiques possibles (phénotype et comportements) et en proposant des sujets non-prélevés dans le milieu naturel dans les pays où d’importants flux d’importation perdurent. On ne peut pas assimiler Fleury Merogis ou Guantanamo aux hôtels 5 étoiles vers lesquels tendent la plupart nos élevages.
Si on pousse l’anthropomorphisme dans ses derniers retranchements, pourquoi refuser d’envisager chez l’animal l’existence d’un « bonheur » lié à la mise à sa disposition de conditions de vie matériellement optimales ? Le gîte, le couvert, la santé, la sécurité, la capacité à procréer à l’abri du danger qui font souvent défaut à ses congénères sauvages soumis aux rigueurs d’un environnement de plus en plus dégradé par les activités humaines, et dont la longévité est infiniment inférieure aux individus sous protection humaine.
On l’observe dans la nature : les animaux sauvages ne se déplacent pas pour le plaisir de faire de l’exercice physique mais pour répondre à des impératifs vitaux, et les déplacements sont toujours accompagnés de risques supplémentaires. Dès que ces impératifs sont satisfaits de façons moins rigoureuses, les déplacements se réduisent (par exemple certaines espèces arrêtent de migrer sous l’effet du changement climatique qui offre parfois des conditions de vie sédentaires plus clémentes). Et pour peu que l’accueil de nos pensionnaires soit performant en termes de respect du bien-être (physiologique et comportemental) et le milieu artificiel suffisamment enrichi, les déplacements deviennent accessoires. Et cela est tout particulièrement vrai pour des spécimens qui sont nés en milieu contrôlé.
Donc le postulat des animalistes selon lequel le maintien en milieu contrôlé d’animaux d’espèces non–domestiques est en soi un acte de maltraitance, est totalement irrecevable. Il convient d’assurer le bien-être de nos pensionnaires sur des bases zootechniques performantes et par le biais de l’observation attentive des naturalistes que nous sommes, par l’information et par la pédagogie. C’est aussi le rôle que l’unicab s’assigne : promouvoir des conditions d’accueil de nos protégés optimales en créant un cadre réglementaire propice à l’action des associations et clubs spécialisés. La prohibition est toujours contre-productive : elle aggrave le trafic et les pratiques occultes, elle assombrit le parcours des animaux confisqués et déportés lors de sa mise œuvre. Ce qui, au passage ne fait pas sourciller les antispécistes qui envisagent au mieux le placement des animaux dans des sanctuaires que nous appellerions plutôt camps de rétention et qui se sont parfois transformés en mouroirs (Rewild aux mains des animalistes), et au pire l’euthanasie de ces animaux qui finalement les dérangent en cela qu’ils ont l’outrecuidance de sembler se complaire au contact de l’homme, et sont en cela considérés comme déviants. La nature libre, paradisiaque, utopique en un mot que déifient les antispécistes ne saurait souffrir d’exceptions.
Tout cela est tout de même un sacré défi à l’humanisme et à l’intelligence, et ce n’est pas un symptôme très rassurant de la capacité de réflexion d’une large part de la classe politique que de se laisser abuser par de telles fadaises.
Soyons honnêtes, nous avons en tant qu’éleveurs notre part de responsabilité, car nous avons beaucoup trop peu agi et réagi, certains que le bon sens suffirait à nous protéger des pires extrémités. Malheureusement il n’en est rien et la pertinence des idées, l’expertise, la responsabilité ne sont pas des remparts suffisants contre des menées à la limite du sectarisme.
L’Unicab a été constituée pour donner un coup d’arrêt à cette dérive. Le personnel politique doit savoir que les animalistes ne représentent qu’une poignée de nos concitoyens. Les derniers résultats électoraux en attestent.
L’immense majorité soutient une approche bienveillante de la condition animale sur des bases raisonnées, scientifiques, et humanistes. Le bien-être animal ne se construira jamais sur la détestation de l’humain mais sur la connaissance, le respect, la responsabilité, et sur la somme de devoirs et de valeurs que s’imposent les éleveurs.
C’est ce message que nous portons en votre nom et en celui des 8 millions de français qui accueillent sous leur toit des animaux non-domestiques.
Aidez-nous à porter ce message, donnez-nous les moyens de faire entendre votre voix.