Le tarin rouge du Venezuela, Spinus cucullatus (Swainson, 1820)

William John Swainson est un biologiste (ornithologue, entomologiste, malacologiste…) et un artiste britannique, né le 8 octobre 1789 à St. Mary Newington (Londres) et mort le 6 décembre 1855 à Fern Grove en Nouvelle-Zélande.

Le Tarin Rouge du Venezuela est une espèce protégée en raison de sa situation de vulnérabilité dans son habitat naturel.

Malheureusement, cette espèce est en voie de disparition dans son milieu naturel, ayant été victime de braconnage pendant plus de 100 ans. La population du Tarin Rouge du Venezuela est actuellement estimée entre 1500 et 7000 individus. Cette espèce est considérée en voie de disparition en raison d’un déclin démographique très rapide causé par le braconnage en vue du commerce des oiseaux en cage.

De plus, les mâles de cette espèce ont été utilisés pendant plusieurs années pour transmettre la couleur rouge au serin des Canaries domestiques par le biais de l’hybridation interspécifique.

 

Statut juridique du Tarin Rouge du Venezuela

Statut juridique de protection international

Il est classé en Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), également appelée Convention de Washington.

 

Statut juridique de protection au sein de la Communauté européenne

Il est répertorié en Annexe A du Règlement (CE) n° 338/97, ainsi qu’en Annexe X (10) du Règlement (CE) n° 865/2006.

 

Statut juridique de détention en France

Le Tarin Rouge du Venezuela est considéré comme une espèce non domestique. Il est répertorié en annexe 10 du règlement CE 865/2006, ce qui permet une détention plus souple en raison de sa large démocratisation en élevage contrôlé en Europe. Son entretien est également considéré comme facile, et les importations de cette espèce au sein de l’Union européenne sont inexistantes.

La détention de cette espèce est toutefois soumise à un quota établi par l’Arrêté Ministériel du 8 octobre 2018, au marquage obligatoire, à l’inscription dans le registre d’entrée/sortie (CERFA n° 1597001), à la déclaration de marquage (CERFA 1596901) et à l’inscription obligatoire dans le fichier d’identification national, l’I-FAP. En cas de cession de cette espèce, il est nécessaire de fournir une fiche descriptive des besoins de l’espèce ainsi qu’un certificat de cession, comportant le prix et répondant aux critères définis par l’Arrêté Ministériel du 8 octobre 2018.

 

Statut juridique de détention des variétés domestiques

Les variétés brune et pastel du Tarin Rouge du Venezuela sont considérées comme domestiques. Elles sont répertoriées dans l’Arrêté Ministériel du 11 août 2006 et peuvent être détenues sans formalités particulières.

Le Dr Arthur G. Butler nous décrit les caractéristiques de certains tarins américains importés en Europe vers les années 1890.

Le Tarin de Yarrell (Spinus yarrelli) est un oiseau brésilien rarement importé, mais qui a été en la possession de plusieurs amateurs. Il présente un ventre jaune vif, un dessus olive, des ailes et une queue marquées de noir, ainsi qu’un capuchon noir sur la tête. Les espèces américaines suivantes, ressemblant aux précédentes, ont été importées : les Tarins de l’Arkansas (S. psaltria), de Colombie (S. columbiana) ; puis des oiseaux noirs, avec du jaune aux lores, au croupion et au ventre : les Tarins à ventre jaune (S. xanthogaster), à croupion jaune (S. uropygialis) ; puis le Tarin à tête noire (S. icterina), un excellent chanteur dont j’ai rapporté un spécimen d’Argentine en 1893. Malheureusement, c’est un oiseau délicat, et le mien, comme les autres importés, ne vécut pas longtemps.

Tarin de Yarell

Le Tarin rouge du Venezuela (S. cucullata) ; c’est la plus jolie espèce de la famille. Sa taille est très petite, et bien qu’il se reproduise en volière, il est délicat à acclimater à son arrivée. Une fois habitué, il vit parfaitement bien. Le mâle présente un plumage rouge vermillon avec la tête noire, les ailes et la queue marquées de noir. La femelle est gris cendré, avec les ailes et la queue mêlées de noir, et présente une teinte rouge pâle sur les ailes et la poitrine.

 

Le Tarin des pins (S. pinus) de l’Amérique du Nord, bien que son plumage soit terne, possède une voix mélodieuse. Page 193, Les oiseaux de Brinsop court en 1920, Par HUBERT DELAVAL ASTLEY. REVUE D’HISTOIRE NATURELLE APPLIQUEE. Année 1920

En milieu contrôlé, des croisements entre le Tarin Rouge du Venezuela et ses proches parents européens, comme le Tarin des Aulnes, ainsi que d’autres Tarins américains, ont été pratiqués pendant plusieurs années. L’objectif était d’introduire des variations de couleur chez le tarin rouge déjà présentes chez ces espèces. Cependant, cette pratique a eu pour conséquence regrettable de polluer génétiquement des oiseaux nés en captivité. Bien que l’élevage de ces hybrides puisse sembler intéressant, il aurait été plus judicieux de restreindre cette pratique pour maintenir des spécimens purs et non altérés, en particulier pour les efforts de conservation. Si cette approche avait été mieux encadrée et limitée, elle aurait pu aider à préserver cette espèce qui est en danger d’extinction dans son habitat naturel. Cependant, malheureusement, la plupart des Tarins Rouges nés en captivité en Europe portent des altérations génétiques et ne peuvent pas être utilisés dans les programmes visant à renforcer la population.

L’entretien et l’élevage de cette espèce sont relativement simples, et la reproduction est généralement assez facile, même pour les novices. Cependant, il est possible de rencontrer des difficultés courantes liées à l’élevage. Il est important de noter que cette espèce est réputée pour être sensible aux températures négatives. Il est donc recommandé de réguler la température et la lumière de manière adéquate pour obtenir de bons résultats. Cependant des éleveurs expérimentés ont réussi à acclimater cette espèce à notre climat en permettant aux oiseaux de passer l’hiver en volière extérieure, exposés à la lumière naturelle.

Cette espèce a été hybridée avec le serin des Canaries domestiques, ce qui a permis d’introduire la couleur lipochromique orange (l’oiseau coloré aura la couleur lipochromique rouge).

 

Remontons dans le temps, en 1920.

Par Hubert Delaval Astley

« Au printemps dernier, lors d’un voyage en Italie, je me suis arrêté à Paris et, bien entendu, j’ai accompagné M. Delacour chez les marchands d’oiseaux. J’y ai notamment acheté l’un de ces Mulets de Tarin rouge et de Canari, que j’apprécie pour leur jolie couleur orange et leur chant agréable. Un peu plus tard, à Milan, alors que j’achetais des graines dans la seule boutique d’oiseaux que j’avais pu trouver, le marchand m’a dit : « Voulez-vous un Mulet rouge ? » J’ai répondu que j’en avais déjà un. Il m’a alors demandé où je l’avais acheté, et j’ai répondu « Chez Travella à Paris ». Sa réponse m’a surpris : « Alors, il vient de chez moi ! » J’avais ramené le Mulet dans son pays d’origine ! J’ai également acquis celui qu’il me proposait et qu’il gardait soigneusement au premier étage, loin de la population d’oiseaux communs. »
(Page 193, Les oiseaux de Brinsop court en 1920, Par HUBERT DELAVAL ASTLEY. REVUE D’HISTOIRE NATURELLE APPLIQUEE. Année 1920)

Hans Duncker (1881-1961), l’un des premiers scientifiques généticiens aviaires, et le grand éleveur Karl Reich (1885-1970) ont collaboré pour mieux comprendre le système de transmission génétique des mutations de couleur, contribuant ainsi au développement de l’élevage aviaire et de la science.

La collaboration entre scientifiques et éleveurs a joué un rôle crucial dans ces avancées. Duncker et Reich ont mené d’importantes expériences de sélection pour établir le modèle d’hérédité de la panachure et d’autres caractères chez les canaris.

Duncker s’est également lancé dans un projet ambitieux de création d’un canari rouge en croisant des canaris avec le tarin rouge du Venezuela (Carduelis cucullata). Cette initiative a permis d’identifier le gène responsable de la couleur rouge dans les canaris, marquant ainsi une première expérience de transgenèse en ornithologie. Cependant, la production de canaris véritablement rouges n’a été réalisée qu’en Angleterre, dans les années 1950.

Cette collaboration entre un scientifique généticien et un éleveur passionné a permis de mieux comprendre les mécanismes génétiques sous-jacents aux variations de couleur chez les oiseaux et a ouvert la voie à de nouvelles avancées dans le domaine de l’élevage aviaire.

Des chercheurs portugais ont mené une étude génétique récente en utilisant la technique de séquençage de l’ADN.
Voici les résultats obtenus :

• Leurs conclusions indiquent que deux gènes ont été transférés du tarin rouge au canari. Ces gènes se situent sur deux chromosomes différents, à savoir le chromosome 8 et le chromosome 25.

• Le gène situé sur le chromosome 8 est responsable de la conversion du pigment jaune en pigment rouge, tant au niveau du foie que de la peau.

• Le deuxième gène, situé sur le chromosome 25, joue un rôle dans la fixation de ce pigment rouge sur la peau et les plumes.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5125026/

 

Conservation :

Niveau conservation : il existe en particulier l’initiative “Redsiskin Initiative”. Leur mission est notamment de restaurer les populations autonomes de Tarins rouges dans leur aire de répartition historique.

Le projet a déjà agit concrètement sur le terrain avec :

• La construction du premier centre d’élevage dédié au sauvetage et à la conservation du Tarin rouge du Venezuela, le RSCC, au Zoológico Leslie Pantin.
• La protection et amélioration de 450 hectares (et expansion) d’habitat agroforestier de café, dont 39 fermes certifiées biologiques par l’USDA et 13 fermes certifiées Smithsonian Bird Friendly qui ont multiplié par dix leurs bénéfices et leur rendement en café par plus de sept.
• La création de l’association ACAFLO de producteurs de café a accru le pouvoir économique des producteurs, accru l’adoption des meilleures pratiques de gestion et favorisé la mise à l’échelle et la durabilité à long terme.
• La création du Réseau de spécialistes et d’aviculteurs du Tarin rouge (ReSSAN) a engagé de nombreux éleveurs privés de Tarin rouge du monde entier en tant que partenaires et défenseurs de la conservation.
• La South Rupununi Conservation Society a rallié les villages locaux autour de la protection du tarin rouge afin de créer un modèle de conservation communautaire qui a abouti à la première zone importante pour les oiseaux et la biodiversité du Guyana.
• Les programmes éducatifs comprennent un programme formel créé pour les écoles de Guyane et du Venezuela, la formation des enseignants, la participation au programme scolaire Bridging the America du Smithsonian, des événements et festivals communautaires fréquents, des expositions Red Siskin dans 5 zoos aux États-Unis et au Venezuela et d’autres sont ajoutées chaque année.
• La mise en place de programme de recherche et d’éducation sur la sélection impliquant 17 zoos et centres de conservation aux États-Unis, en Europe et au Venezuela.

Les recherches du RSI sur le trafic d’espèces sauvages, l’écologie, la sociologie et l’élevage de conservation contribuent à améliorer la compréhension des défis et des solutions. Aux États-Unis, des populations captives ont été établies dans des centres de conservation et des zoos pour soutenir la collecte de fonds, l’éducation et la recherche sur les techniques d’élevage, de soins et de réintroduction. Les méthodes génomiques sont utilisées pour répondre à d’importantes questions génétiques dans le développement et la gestion des populations captives. Les collaborateurs du l’inivitiave Redsiskin de tous les pays s’efforcent d’enquêter et de réduire les prélèvements et le commerce illégaux, en coordination avec les communautés, les autorités locales et les organisations internationales.

Conclusion :

Dans le passé, nous avons constaté que la collaboration entre les éleveurs et les scientifiques a été bénéfique pour mieux comprendre la biologie et la transmission héréditaire des couleurs et des caractères chez les oiseaux. L’élevage de loisirs est particulièrement intéressant et populaire en France, et je le pratique moi-même. Cependant, nous avons observé qu’en l’absence d’un encadrement, nous constatons qu’aujourd’hui la plupart des Tarins Rouges en Europe présentent des altérations génétiques qui les empêchent de participer à des programmes de renforcement de population.

Pourtant, si quelques éleveurs Français avaient maintenu la forme naturelle de l’espèce en évitant la consanguinité, en évitant l’introduction de mutations par hybridation, et en veillant à un brassage génétique approprié, les éleveurs français auraient pu jouer un rôle crucial dans la préservation de cette espèce dans son habitat naturel.

https://www.redsiskin.org/understanding-the-red-siskin/
Cette ONG s’engage activement dans la préservation de l’espèce dans son environnement naturel. Jean Michel Eytorff, juge auprès de l’OMJ (Organisation Mondiale des Juges), ornithologue amateur et photographe animalier amateur, a collaboré étroitement avec cette association. Il a partagé nos techniques d’élevage et encouragé les éleveurs ainsi que les associations ornithologiques à faire des dons. J’ai moi-même contribué en faisant un don à cette association en tant qu’éleveur engagé en faveur de la biodiversité.