Il existe de nombreuses variétés de dendrobates, également appelées “grenouilles poison”, réparties dans différentes régions d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Chaque variété a ses propres caractéristiques en termes de couleur, de comportement et de distribution.
Les dendrobates vivent dans les forêts tropicales d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud depuis des milliers d’années. Les peuples autochtones de ces régions connaissaient depuis longtemps la toxicité de ces grenouilles et utilisaient leur venin pour empoisonner les pointes de flèches et les fléchettes de sarbacane, d’où leur nom commun de “grenouilles poison”.
Elles ont été découvertes par les explorateurs européens au cours des voyages d’exploration en Amérique du Sud à partir du 16e siècle. Les naturalistes et les collectionneurs ont commencé à les introduire en Europe, où elles sont devenues des curiosités exotiques.
Taxonomie / Classification
Ordre : Anura
Sous-ordre : Neobatrachia
Famille : Dendrobatinae
Genre : Dendrobates
Espèces
Dendrobates tinctorius (Dendrobate à tapirer) (Cuvier, 1797)
Cette espèce est originaire de Guyane française et de Suriname. Elle est connue pour sa grande variabilité de couleurs, allant du bleu au jaune en passant par le vert et le noir.
Son nom d’espèce tinctorius vient de l’utilisation qu’en faisaient certaines tribus amérindiennes sur les perroquets amazones : en frottant la grenouille sur la peau de jeunes perroquets, les plumes, normalement vertes, prenaient une coloration rouge et pouvaient être utilisées pour la confection de parures : c’est ce que l’on appelle « tapirer ». Cette sécrétion était également utilisée pour empoisonner les flèches. (Sources : MNHN)
Dendrobates tinctorius azureus (Dendrobate azureus ) (Hoogmoed, 1969)
Cette espèce est originaire de Guyane et du Surinam. Elle est particulièrement connue pour sa couleur bleue brillante. C’est une variation de couleur de l’espèce tinctorius.
Dendrobate auratus (Dendrobates doré) (Girard, 1855)
Originaire d’Amérique centrale, y compris le Costa Rica et le Panama, cette espèce présente une variété de couleurs et de motifs, allant du vert au noir en passant par le bleu et le jaune.
Dendrobate leucomelas (Dendrobate jaune et noir) (Steindachner, 1864)
Cette espèce est originaire du Venezuela et de la Colombie. Elle se distingue par sa couleur noire contrastée avec des bandes jaunes vives.
Dendrobates truncatus (Dendrobate du Rio Magdalena) (Cope, 1861)
Cette espèce se trouve est endémique de Colombie. Elle est généralement noire avec des bandes dorées / orangée sur le dos.
Étymologie
L’origine du nom du genre Dendrobates dérive des termes grecs dendros qui signifie « arbre » et bates qui veut dire « grimpeur », faisant référence au comportement de certains amphibiens de la famille des Dendrobatidae aux mœurs très arboricoles.
Apparence
Les dendrobates sont généralement de petite taille, mesurant généralement moins de 5 centimètres de long. Elles se caractérisent par leur coloration brillante et souvent vive dite “aposématique” pour signifier que leurs couleurs vives suggèrent une proie non consommable et servir d’avertissement aux prédateurs, car elles sont toxiques.
Les males ont généralement le bout des pattes plus larges, le dos moins anguleux et sont légèrement plus petits que les femelles.
Habitat
Les dendrobates sont originaires des régions tropicales d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Elles habitent principalement les forêts tropicales humides, où elles se trouvent principalement sur le sol de la forêt, près de ruisseaux et de rivières. Ces forêts sont caractérisées par une abondance de précipitations, une humidité élevée et une diversité végétale. Elles peuvent occuper différents micro-habitats au sein de la forêt. Cela peut inclure les zones proches des ruisseaux et des rivières, les clairières, les zones de feuilles mortes, les cavités d’arbres et les endroits cachés sous les feuilles et les rochers. Les dendrobates utilisent la végétation dense de la forêt comme protection contre les prédateurs et pour se déplacer. Les plantes grimpantes, les épiphytes et les arbres fournissent des cachettes essentielles.
Toxicité
Les dendrobates sont connues pour leur toxicité. Leur venin est produit à partir d’aliments qu’elles consomment dans la nature, principalement des insectes qui eux mêmes consomment des végétaux contenant des alcaloïdes.
Les toxines qu’elles accumulent dans leur corps sont décuplées grâce à leurs glandes situées sous la peau et sont rejetées sous forme de mucus en cas de danger envers les prédateurs. Les populations élevées en captivité, cependant, perdent cette toxicité présente chez leurs homologues sauvages en raison de leur régime alimentaire différent.
Le venin des Dendrobates est principalement constitué de diverses alcaloïdes et d’autres composés chimiques toxiques, tels que les batrachotoxines et les histrioniques qui ont été identifiés dans certaines espèces de dendrobates. Ces toxines sont responsables de la forte toxicité de certaines espèces.
Il est important de noter que la composition précise des toxines peut varier d’une espèce de dendrobate à l’autre. De plus, la toxicité des dendrobates peut être influencée par leur régime alimentaire dans la nature, car elles accumulent ces toxines à partir des insectes et des proies toxiques qu’elles consomment.
En captivité, les dendrobates nourries avec des proies non toxiques perdent généralement leur toxicité au fil des générations. Par conséquent, les dendrobates élevées en captivité sont généralement moins toxiques que leurs homologues sauvages. Cependant, il est important de manipuler toutes les dendrobates avec précaution en raison de leur potentiel de toxicité, même si elles sont élevées en captivité. Le contact avec la peau ou l’ingestion de leur venin peut avoir des conséquences potentiellement graves pour les humains et d’autres animaux.
Certaines toxines de dendrobates, telles que les alcaloïdes batrachotoxines, ont des propriétés analgésiques puissantes. Elles agissent en bloquant les canaux sodiques dans les neurones, ce qui réduit la transmission des signaux de douleur. Ces toxines ont été étudiées pour leur potentiel en tant qu’analgésiques et pour le développement de médicaments contre la douleur.
Comportement
Ces grenouilles sont généralement diurnes et sont très actives pendant la journée. Pendant leurs périodes d’activité, ils chassent des proies, explorent leur territoire et interagissent avec d’autres grenouilles. Elles sont agiles et rapides, se nourrissant principalement d’insectes et d’autres petites proies. Certaines espèces de dendrobates sont connues pour leur chant, bien que cela varie en fonction de l’espèce.
Les dendrobates utilisent diverses formes de communication pour communiquer entre eux. Cela peut inclure des appels vocaux, des signaux visuels, tels que le mouvement de la tête et des membres, ainsi que des signaux chimiques.
Reproduction
Les dendrobates sont connues pour leur comportement de reproduction intéressant. Les mâles sont responsables de construire des nids pour attirer les femelles. Une fois qu’un couple s’est formé, la femelle pond ses œufs dans le nid, et le mâle les protège et les garde humides en les arrosant régulièrement. Après l’éclosion, il transporte les têtards sur son dos à une zone adaptée jusqu’à ce qu’ils se métamorphosent en grenouilles adultes. Les têtards se développent dans leur environnement aquatique, se nourrissant principalement de petits invertébrés. Au fil du temps, ils subissent une métamorphose en développant leurs pattes et en devenant des grenouilles juvéniles. Le temps nécessaire à cette transformation varie selon l’espèce. Les têtards se développent dans leur environnement aquatique, se nourrissant principalement de petits invertébrés.
Certaines espèces peuvent être très territoriales et combattre leurs semblables en leur montant sur le dos jusqu’à épuisement de l’adversaire.
Chant de séduction : Les dendrobates, en particulier les mâles, utilisent souvent des vocalisations pour attirer un partenaire. Ces chants sont spécifiques à l’espèce et peuvent varier en fonction de la région géographique.
Ovipare / de 3 à 12 œufs par ponte
Temps œufs > têtards : environ une quinzaine de jours (variable).
Temps têtards > grenouillettes : de 78 jours à 3 mois suivant la température et les individus.
Législation
Les dendrobates sont classées en annexe 2 du Cités (LC : Préoccupation mineure)
Seules les Dendrobates tinctorius spp. sont soumises sous CDC / AOE, du fait de leur présence aussi sur des territoires français (Guyane).
Conservation
De nombreuses espèces de dendrobates sont menacées en raison de la perte d’habitat, du commerce illégal des animaux de compagnie et de la chytridiomycose, une maladie fongique qui a décimé de nombreuses populations de grenouilles à travers le monde.
Les dendrobates sont devenues populaires en tant qu’animaux de compagnie exotiques, et leur élevage en captivité s’est développé. Cela a contribué à la préservation de ces grenouilles en réduisant la pression sur les populations sauvages.
Elles continuent d’être l’objet de recherches scientifiques pour mieux comprendre leur biologie, leur comportement, leur écologie et leur toxicité. Cette recherche contribue à la conservation et à la gestion des populations de dendrobates dans leur habitat naturel.
La conservation et la protection des dendrobates, ou grenouilles venimeuses, sont essentielles pour préserver ces espèces fascinantes qui font partie de l’écosystème des forêts tropicales d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud.
Voici quelques mesures de conservation et de protection importantes pour ces grenouilles :
- Protection de l’habitat : La première étape cruciale est la protection de leur habitat naturel, les forêts tropicales. Cela implique la création de réserves naturelles, de parcs nationaux et d’autres zones protégées où ces grenouilles peuvent vivre sans menace de déforestation ou de développement humain.
- Lutte contre le braconnage : Les dendrobates sont souvent capturées illégalement pour le marché des animaux de compagnie exotiques. Les autorités doivent renforcer la législation sur la protection de la faune et mettre en place des mesures pour lutter contre le braconnage et le commerce illégal de ces grenouilles.
- Élevage en captivité : Encourager l’élevage en captivité de dendrobates est une approche positive. Cela peut réduire la pression exercée sur les populations sauvages en fournissant des spécimens pour le commerce légal et en éduquant le public sur l’importance de préserver ces espèces dans leur environnement naturel.
- Recherche scientifique : La recherche sur les dendrobates est importante pour mieux comprendre leurs besoins en matière d’habitat, leur comportement, leur reproduction et leur santé. Ces informations sont essentielles pour mettre en place des stratégies de conservation efficaces.
- Sensibilisation du public : Éduquer le public sur l’importance de la préservation des dendrobates et de leur habitat est essentiel. Les programmes éducatifs, les éleveurs particuliers, les expositions dans les zoos et les musées, ainsi que la sensibilisation médiatique peuvent contribuer à susciter un intérêt pour la conservation de ces espèces.
- Gestion de la maladie : La chytridiomycose, une maladie fongique, a été responsable du déclin de nombreuses populations de grenouilles, y compris les dendrobates. Les chercheurs doivent continuer à étudier cette maladie et à développer des stratégies pour la prévenir et la traiter.
- Collaboration internationale : Les efforts de conservation des dendrobates doivent souvent traverser les frontières, car ces grenouilles vivent dans plusieurs pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. La coopération internationale est donc essentielle pour garantir leur protection.
Si vous envisagez de vendre ou acquérir des dendrobates, assurez-vous de le faire de manière éthique et légale. Ne prélevez jamais de spécimens dans la nature, privilégiez plutôt l’acquisition auprès d’éleveurs responsables ou d’établissements de conservation
Livres
“Les dendrobates“
Amanda Sihler & Greg Sihler – Éditeur : Artemis Eds
“L’élevage des Dendrobates“
Olivier Dominikowski – Éditeur : Animalia
“Le dendrobate à tapirer (Dendrobates tinctorius)“
Éditeur : Animalia
“Poison-arrow frogs : Their natural history and care in captivity“
Ralph Heselhaus – Éditeur : Ralph Curtis Books
“Poison Frogs : Biology, Species and captive husbandry“
Éditeur : Chimaira