Aller au contenu
Accueil » Pantherophis ramspotti (Couleuvre fauve) (Crother, White, Savage, Eckstut, Graham & Gardner)

Pantherophis ramspotti (Couleuvre fauve) (Crother, White, Savage, Eckstut, Graham & Gardner)

Pantherophis ramspotti

Ordre : Squamata
Sous-ordre : Lepidosauria
Famille : Colubridae
Genre : Pantherophis

La taxinomie de cette espèce peut paraître nébuleuse, et elle l’est pour qui n’est pas systématicien. Pour tenter d’éclaircir, il faut reprendre quelques temps en arrière. Elaphe vulpina et Elaphe gloydi sont considérées, selon les auteurs, comme des espèces distinctes ou des sous-espèces d’Elaphe vulpina. En 2002, Utiger et al. réorganisent complétement le genre et propose deux espèces distinctes : Pantherophis vulpinus, la couleuvre fauve de l’Ouest et Pantherophis gloydi, la couleuvre fauve de l’Est. Jusqu’ici peu de confusions puisque les éleveurs distinguaient déjà les deux taxons en élevage. Il suffisait de remplacer Elaphe par Pantherophis et tout le monde comprenait.

Les choses se compliquent en 2011 avec la publication du papier de Crother et al. Les analyses génétiques de spécimens, sur la totalité de leur aire de répartition respective, valident la distinction des deux espèces et met en évidence la limite de séparation : le fleuve Mississippi. Or il est apparu que les holotypes de ces deux espèces ont été prélevées dans la limite de la zone correspondant à Pantherophis gloydi. Suivant les règles de nomenclature, P. gloydi est donc mis en synonymie avec P. vulpinus, c’est-à-dire que P. vulpinus désigne désormais la couleuvre fauve de l’Est, et le nom gloydi disparait. La couleuvre fauve de l’Ouest, qui s’appelait auparavant P. vulpinus a donc elle aussi changé de nom pour devenir P. ramspotti, dont l’origine est indiquée en “étymologie”.

Il a été ici volontairement passé sous silence les propositions taxinomiques évoquant les genres Mintonius et Pituophis, qui n’auraient fait que troubler un sujet qui n’est déjà pas limpide…

En termes d’élevage ces changements de noms apportent beaucoup de confusion, a fortiori pour deux espèces très ressemblantes. Un amateur non informé des inversions de taxinomie peut tout à fait céder de bonne foi des spécimens de P. ramspotti en les labellisant P. vulpinus, à un acquéreur qui pensera avoir affaires à ce qui s’appelait P. gloydi ! Dans l’immense majorité des cas les éleveurs s’en tiennent à l’ancienne classification, mais il est tout de même préférable de poser quelques questions : les spécimens juvéniles sont parfois très difficiles à différencier.

En résumé :
– Elaphe gloydi -> Pantherophis gloydi -> Depuis 2011 : Pantherophis vulpinus
– Elaphe vulpina -> Pantherophis vulpinus -> Depuis 2011 : Pantherophis ramspotti


Nommé en l’honneur de Joseph Ramspott (1976-2004), étudiant en Master au laboratoire du Dr. Crotcher (Southeastern Louisiana University) mort tragiquement en 2004.


Pantherophis ramspotti est une couleuvre massive et relativement longue. La taille adulte se situe entre 100 et 140 cm, rarement plus, les mâles sont généralement légèrement plus grands que les femelles. Les écailles dorsales présentent une carène bien marquée.

Le corps est orné de 34 à 52 grandes taches dorsales, marron foncé à marron rougeâtre, sur une couleur de fond brun jaunâtre à gris jaunâtre ; les flancs sont marqués de taches de même ton, plus petites et souvent en contact avec les écailles ventrales. La tête est généralement de couleur plus intense que la couleur de fond, parfois rouge cuivré ou orangé. Les juvéniles ont des motifs plus sombres. Les taches sont généralement de couleur marron, bordées de noir. Le dessus de la tête, gris sombre, est marqué d’une bande préfrontale sombre continuant derrière les yeux pour rejoindre la commissure de la gueule, et de petits points ou taches sombres. Ces motifs persistent parfois plusieurs années chez les adultes.

La distinction entre P. ramspotti et P. vulpinus (anciennement P. gloydi, voir le paragraphe “Remarques complémentaires”) est très légère. P. vulpinus a des taches dorsales moins nombreuses (28 à 43) et plus larges (4 à 6 écailles de largeur), les spécimens de cette espèce sont généralement plus contrastés.


Pantherophis ramspotti occupe une plus grande aire de répartition que P. vulpinus. Cette aire s’étend au nord des rives sud du lac Supérieur, au sud au point de jonction du Missouri et du Mississipi, à l’est sur la bordure ouest du lac Michigan et jusqu’à l’ouest aux lacs Bass et Maxinkuchee (Nord-Est de l’Indiana).

Cette espèce terrestre est très adaptative. Elle occupe les prairies ouvertes et les pâturages, les lisières de forêts, les bords de cours d’eau boisés. Elle est fréquente en bordure de zone cultivée.


La couleuvre fauve est un serpent assez actif, le terrarium devra donc être relativement grand. Bien que les animaux grimpent très bien leur activité essentielle est au sol, où ils se cachent et fouillent longuement. Le substrat sera donc meuble et non abrasif, et le décor bien calé pour éviter les accidents. Des cachettes sont disposées en partie chauffée et en partie fraîche, et le décor est complété par un bassin suffisamment grand pour que le serpent puisse s’y baigner. Idéalement l’abri en partie fraîche est maintenu légèrement humide. Des pulvérisations d’eau (tiède) hebdomadaires sont appréciées. Le chauffage est modéré : 25 à 28°C au point chaud, 20 à 22°C au point froid en journée, la température est abaissée au point chaud à 20-22°C la nuit. L’éclairage est assuré par un tube fluorescent dont la durée de fonctionnement quotidien varie en fonction des saisons.
Cette espèce consomme principalement des rongeurs et des oiseaux dans son milieu naturel. En captivité une alimentation à base de souris convient parfaitement. P. ramspotti est vorace et peut mordre tout objet qui a l’odeur d’une proie, il est donc très important de séparer les éventuels congénères d’un même terrarium pendant le nourrissage, et de bien surveiller leur remise en présence. Les cas d’ophiophagie sont cependant très rares.


Originaire de milieux tempérés, P. ramspotti doit obligatoirement hiberner pour se reproduire. Les difficultés rencontrées par certains éleveurs de cette espèce sembleraient résider dans le fait que cette hibernation doit être longue et à basse température : la couleuvre fauve est encore active entre 12 et 15°C et continue à s’alimenter à 17°C. Certains éleveurs recommandent ainsi une période de repos de 3 à 4 mois, à des températures entre 5 et 10°C. D’autres, obtiennent des reproductions avec des températures d’hibernation de l’ordre de 11 à 12 °C, les tentatives de reproduction ont cependant toutes échoué avec des températures supérieures à 14°C (obs. pers.). A la sortie de cette période ont lieu les accouplements, qui peuvent être très énergiques. Le mâle poursuit la femelle puis la mord pour l’immobiliser : souvent au cou ou sur le premier tiers du corps, mais parfois directement à la tête. Ces morsures puissantes peuvent être visibles sur le corps de la femelle pendant plusieurs années après un accouplement.

La période de gestation dure un peu plus d’un mois. Les pontes comportent 7 à plus de 20 œufs ; incubés à 29°C ils éclosent après seulement 35 jours (65 jours à 23°C). Les juvéniles mesurent 30 à 35 cm et s’alimentent sans problème de souriceaux. La maturité sexuelle est généralement acquise à deux ans, quand les spécimens atteignent ou dépasse 110 cm.


Pantherophis ramspotti est représenté par de nombreuses sous-populations, pour un effectif total excédant 10000 individus adultes. La tendance de la population globale est stable, et aucune menace majeure n’est identifiée pour ce taxon. Pour ces raisons l’UICN classe cette espèce dans la catégorie “préoccupation mineure” (LC).

En France, cette espèce est considérée comme non domestique (à l’instar de tous les reptiles), sa détention au sein d’un élevage d’agrément est donc règlementée par l’arrêté du 08 octobre 2018. Un éleveur amateur peut ainsi posséder des spécimens de P. ramspotti sans autorisation préalable à condition de respecter les quotas fixés par cet arrêté. Dans tous les cas cependant, la cession et l’acquisition (à titre gratuit ou non) doit être accompagnée d’un certificat de cession sur le modèle du CERFA 14367*01. Le détenteur de spécimens d’espèces non domestiques doit également tenir un registre sur le modèle du CERFA 15970*01.


Si vous envisagez de vendre ou acquérir des dendrobates, assurez-vous de le faire de manière éthique et légale. Ne prélevez jamais de spécimens dans la nature, privilégiez plutôt l’acquisition auprès d’éleveurs responsables ou d’établissements de conservation


How and when did Old World ratsnakes disperse into the New World?
Burbrink, F.T. & Robin, L. – Molecular Phylogenetics and Evolution 43 (1): 173-189

A Reevaluation of the Status of the Fox Snakes Pantherophis gloydi Conant and P. Vulpinus Baird and Girard (Lepidosauria)
Crother, B.I., Mary E.W., Jay M.S., Mallory E.E., Matthew R.G. & David W.G. – International Scholarly Research Network Zoology : 1-15

“Erpétologie générale ou Histoire Naturelle complète des Reptiles Vol. 7 (partie 1). “
Duméril, A.M.C., G. BIBRON & A.H.A. DUMÉRIL – Paris, xvi + 780 S.

“Serpents”
Marvin, N. & Harvey, R. – Éditeur : Nathan 

“Living Snakes of the World in Color”
Mehrtens, J. M. – Éditeur‏ : Sterling Publishing

“Atlas of Reptiles and Amphibians for the Terrarium”
Obst, F. J., Richter, K. & Jacob, U. – Éditeur ‏:T.F.H. Publications

“Breeding and Keeping Snakes”
Schmidt, D. – Éditeur ‏:T.F.H. Publications

“A Monograph of the Colubrid Snakes of the Genus Elaphe
Schulz, K.-D. – Éditeur‏ : Fitzinger. Koeltz Scientific Books

“Rat Snakes, A Hobbyist’s Guide to Elaphe and Kin”
Staszko, R. & Walls, J. G. – Éditeur‏ : T.F.H. Publications

“Molecular systematics and phylogeny of Old and New World ratsnakes, Elaphe Auct., and related genera (Reptilia, Squamata, Colubridae)”
Utiger, U., Helfenbergen, N., Schatti, B., Schmidt, C., Ruf, M., Zismiler, V. – Éditeur‏ : Russ. J. Herpetol. 9: 105-124

 

fb-share-icon